À ces mots, l’aviateur lève la tête de son moteur. L’enfant à tête blonde lui demande à nouveau : « dessine-moi une oasis urbaine. » « Qu’est-ce que c’est ? » « Ferme les yeux et imagine. Tu marches sur les trottoirs enfumés, bruyants, de ta ville. Tu aperçois un îlot de verdure au fond d’une ruelle. Irrésistiblement, tes pas t’y conduisent. Tu pénètres dans une oasis urbaine. Dessine ! ». « Que je dessine quoi ? Et puis j’ai des choses plus importantes à faire ! ». L’enfant ne bouge pas. Le regard assuré, confiant, il attend en souriant.
Coiffant la casquette de l’aviateur, nous avons essuyé le cambouis de nos mains, fermé les yeux et imaginé des oasis urbaines. Pour les voyageurs citadins que nous sommes, les oasis urbaines représentent des havres de paix et d’hospitalité. Îlots de verdure, de fraîcheur, espaces cultivés et nourriciers, lieux de partage, elles invitent à la pause, à la réflexion, à l’action. Elles nous parlent de la terre, de sa richesse, de pratiques ancestrales et modernes, du climat, de l’économie[1] d’eau, d’énergie, de moyens, d’entraide et de fraternité… Les oasis se dressent dans le paysage de nos villes comme autant de solutions pour lutter contre le réchauffement climatique et s’y adapter.
L’oasis urbaine agit sur la réduction les phénomènes d’îlots de chaleur urbains (ICU). Elle comporte :
des espaces densément végétalisés, des arbres aux ombrages abondants, des haies, des taillis, des façades et des toitures végétalisées qui améliorent en outre l’isolation des bâtiments
des matériaux, des couleurs, des dispositifs d’ombrages, des systèmes de retenue, de circulation et de diffusion d’eau inspirés des pays du Sud
C’est également un lieu de développement et de protection de la biodiversité.
L’oasis urbaine abrite des espaces cultivés où se développe :
une production de nourriture saine, de proximité
la défense et la mise en valeur des terres fertiles urbaines et périurbaines qui ont historiquement conditionné l’émergence de la cité
la notion de paysage « xérocomestible », c’est à dire l’introduction de végétaux à la fois comestibles et ne nécessitant pas ou peu d’arrosage
L’oasis urbaine, espace de convivialité, d’entraide et de fraternité, répond au désert social de certains quartiers en favorisant, notamment :
la mixité sociale, culturelle, l’échange intergénérationnel
le partage de savoir–faire, de graines et de récoltes, de repas festifs, de débats, de réflexions
L’oasis est un lieu privilégié où, grâce au lien à la terre et au vivant, les citoyens se sensibilisent et se mobilisent autour des enjeux climatiques : transition énergétique, économie d’eau, d’énergie, alimentation adaptée, circuits courts, mobilité verte…
Et vous, comment voyez-vous votre oasis urbaine ?